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samedi 30 décembre 2017

A CONTROLER Réserves et Ressources: Introduction pour l’investisseur profane

En tant que géologue de formation classique, on m’a enseigné la définition de minerai et de dépôt de minerai dès la première minute de mon premier cours de Master, à l’Université du Nouveau Mexique.
 
En début d’après-midi, un jour de la fin de l’été 1975, le Dr. Wolfgang Elston s’est présenté en salle 401 pour son cours de géologie économique, et nous a demandé d’ouvrir le manuel qu’il avait sélectionné pour son sujet, Les dépôts de minerai, par Park et MacDiramid, seconde édition, et d’y lire la phrase suivante, en première page : « Les minerais sont des roches et des minéraux que l’on peut exploiter et dont on peut tirer profit ».
 
Dont on peut tirer profit.
 Elargissons maintenant ce concept de base et cette définition au terme plus général de dépôt de minerai : une masse de rocs ou minéraux que l’on peut exploiter, extraire, transformer et transporter sur un marché et dont on peut tirer profit.  

Dont on peut tirer profit.

Ces deux définitions très simples ont été les concepts clefs fondamentaux qui ont servi d’amarres à mes années de formation ininterrompue et à mon expérience professionnelle depuis que j’ai pour la première fois mis les pieds sur le terrain en tant qu’explorateur pendant l’été 1976. Cette idée est tellement ancrée dans mon cerveau que je dois souvent me rappeler qu’une grande majorité des investisseurs du secteur minier et de l’exploration n’ont absolument aucune idée de ce qu’est véritablement un dépôt de minerai.

J’ai eu, il y a quelques semaines, l’occasion de me rappeler ce manque sérieux de connaissances et de compréhension. Lors un débat public, j’ai entendu une affirmation dénuée de sens, qui ressemblait un peu à ce qui suit : « (Nom de société) a prouvé jusqu’à 1.5 millions d’onces de ressources », « X millions d‘onces d’or ont déjà été produites par la mine et Société est prête à reprendre l’exploitation ».

Pardon ? Des ressources… prouvées… prêtes à être exploitées ??
 
J’ai été très surpris par ces propos, sur lesquels j’ai décidé de revenir ici.

Il existe une différence cruciale entre des ressources minérales et des réserves minérales. Nous, en tant que spéculateurs sur les juniors minières, avons surtout affaire aux sociétés cotées en bourse de Toronto (TSX). Je vais donc exposer ici le système de classification de l’Institut canadien pour les mines, la métallurgie et le pétrole comme établi par les directives nationales 43-101.
 
Comme vous le savez certainement déjà, la différence majeure entre des ressources et des réserves, se résume en ces mots simples : « dont on peut tirer profit ».
 
Voici ce que nous en dit l’Institut canadien pour les mines, la métallurgie et le pétrole :

Une ressource minérale est une occurrence ou concentration de matériau naturel, solide, inorganique ou organique fossilisé, présente sur ou à l’intérieur de la croûte terrestre sous une forme et dans une quantité ou qualité qui la rendent raisonnablement apte à être exploitée à profit. Sa localisation, son volume, sa teneur et ses caractéristiques géologiques sont connues, estimées ou interprétées selon des preuves et connaissances géologiques spécifiques.

Les ressources minérales sont sous-divisées, afin d’en augmenter la crédibilité géologique, en catégories de ressources induites, indiquées et mesurées. Notons que le niveau de confiance des « ressources minérales induites » est insuffisant pour permettre l’application de paramètres techniques ou économiques, ou pour estimer leur viabilité économique.

Une réserve minérale est une partie économiquement exploitable d’une ressource minérale mesurée ou indiquée, qui est démontrée par au moins une étude de faisabilité préliminaire. Cette étude doit inclure des informations adéquates concernant ses facteurs d’extraction, de transformation, métallurgiques et économiques, ainsi que tout autre facteur pertinent qui démontre qu’au moment de la rédaction du rapport, son extraction rentable peut être justifiée. Une réserve minérale prend en compte la dilution et les pertes potentielles qui peuvent se produire lors de son extraction.

Les réserves minérales sont sous-divisées en catégories de confiance croissante : il y a d’abord les réserves minérales probables et réserves minérales prouvées. Les réserves minérales prouvées sont celles qui, après application de tous les facteurs d’exploitation, métallurgiques, de transformation, économiques, marketing, légaux, socio-économiques et gouvernementaux, forment la base d’un projet économiquement viable.

Les relations entre les ressources minérales et les réserves minérales sont représentées dans le graphique ci-dessous :


 
Le concept critique est ici directement lié à notre définition de minerai. Une réserve minérale peut aussi être appelée dépôt de mineraiet être définie comme « une masse de rocs ou minéraux quantifiée qui peut être développée, extraite, transformée et livrée sur le marché et dont on peut tirer profit ».

Je répète : dont on peut tirer profit.
 
Malheureusement de nombreux responsables de compagnies, directeurs de la bourse de Toronto, promoteurs, employés chargés des relations avec les investisseurs, lettres d’information, rédacteurs de sites web, analystes, financiers et autres individus qui, tristement, ont fait les études et ont l’expérience nécessaires pour être appelés ingénieurs ou géologues professionnels certifiés, ne comprennent pas la différence.

Ou peut-être s’en moquent-ils? Serait-il possible que certains utilisent délibérément et malhonnêtement ces classifications comme si elles étaient interchangeables lors de salons professionnels, d’interviews et de conférences publiques et de discussions avec des investisseurs ou abonnés potentiels ?

Comme l’a dit Mark Twain il y a déjà plus de 140 ans, « une mine est un trou dans le sol à côté duquel se tient un menteur ».

L’investisseur non-initié, quand il évalue une société en vue d’investir, doit comprendre qu’une ressource minérale est simplement une masse de rocs minéralisée qui a une teneur élevée de minerai par rapport à l’abondance naturelle d’une matière première minérale donnée. Souvent, cette classification n’apporte pas de données économiques.

Une distinction peut également être faite entre les ressources historiques et les ressources déterminées par les directives 43-101. Une ressource historique est une masse de rocs minéralisée comme définie par l’exploration et le développement, avant l’adoption des directives 43-101 le 1er  février 2001. Ces données plus anciennes doivent être validées par un travail de confirmation des activités d’exploration et de développement, sous la supervision d’une personne « qualifiée », avant de pouvoir être incluses dans une estimation technique de ressources conforme à la directive 43-101.

Nous constatons qu’il existe des dépôts de rocs non exploités dans des mines qui produisaient autrefois, et qui avaient portant été classifiés comme réserves prouvées et probables par des opérateurs avant 2001. Ce n’est qu’après une nouvelle étude de leur teneur et de leur volume que ces dépôts peuvent être définis comme ressources conformes aux directives 43-101. Une étude préliminaire de faisabilité est aussi toujours exigée pour pouvoir porter ces dépôts dans la catégorie de réserves minérales.

Les facteurs d’extraction, métallurgiques, de transformation, économiques, marketings, légaux, socio-économiques et gouvernementaux ont beaucoup changé au fil du temps. Ce qui hier était un minerai viable ne l’est plus automatiquement aujourd’hui, et pourrait ne plus l’être demain.

Une ressource conforme aux directives 43-101 et essentiellement « induite » devrait être particulièrement suspecte pour les investisseurs. Les dépôts de cette catégorie ont un faible niveau de confiance, et vont nécessiter des travaux d’exploration et de développement, et des millions de dollars d’investissements avant qu’il ne soit possible de les classifier comme réserves.

Selon mon expérience, de nombreuses estimations de projets qui déterminent des ressources induites et ont été établies par un ingénieur géologue en freelance ont très peu de chance d’être un jour élevées au statut de ressources mesurées ou indiquées, sans parler du statut de réserve prouvée ou probable.

N’oubliez pas non plus qu’une majorité des juniors minières exploitent le marché des actions. Très peu d’entre elles possèdent des ressources potentiellement viables. Beaucoup ne souhaitent pas devenir des exploitations minières. Parmi celles qui souhaitent parvenir à cet objectif, seule une sur 15 développera un jour un projet minéral, et plus de la moitié finissent par échouer pour diverses raisons. Ainsi, environ cent des 1373 juniors minières seront un jour propriétaire de réserves, et la moitié, voire 30 ou 40, développeront une mine profitable pour leurs actionnaires. Moins encore seront rachetées par des sociétés majeures.

Restez prudent.

Souvenez-vous toujours de la définition de minerai.

Dont on peut tirer profit.

source : http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent--a-controler-reserves-et-ressources-introduction-pour-l-investisseur-profane.aspx?contributor=Mickey+Fulp.&article=2338725144G10020

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